Mutatio : colorisation d’une bédé

MUTATIO est une petite histoire d’anticipation en 5 planches. Elle raconte comment, dans un futur éloigné, un monde à la George Orwell voit son avenir radicalement modifié par un évènement inattendu. Voici la procédure utilisée pour une des planches, de l’encrage à la version finalisée en couleurs.

Pour cette histoire, j’aurais pu me servir de l’outil informatique pour la colorisation, comme souvent pour mes bandes dessinées. Cette fois, je veux changer de méthode et utiliser l’aquarelle. L’ordinateur c’est pratique, mais j’ai envie de retrouver une « patte » plus traditionnelle et le plaisir du pinceau. De plus, j’attends de l’aquarelle et du papier qu’ils apportent une certaine matière au rendu final.

Étape 1 : l'encrage numérique
Étape 2 : préparation du support à peindre

La planche encrée est traitée dans un logiciel photo afin de convertir l’encre noire en bleu non reproductible (“non repro blue”). Ce bleu ne se verra pas au final : peu visible, il sera recouvert par les lignes et les zones noires de la planche originalement encrée.
La planche maintenant à l’encre bleue est imprimée sans les textes sur un papier aquarelle A3 cold pressed 300 g. Mon imprimante me permet d’utiliser ce format et accepte un grammage aussi élevé…

Je découpe ensuite à la règle et au cutter la planche en bandes (dessinées, c’est le cas de le dire, héhé) suivant l’agencement des cases. Ainsi, je peux fixer chacune d’elle sur un carton dur avec du scotch de peintre qui ne déchire pas le papier.
Maintenant, je peux orienter facilement et rapidement cette surface de travail mobile et ne suis pas gêné par un grand format A3. Et ce sera plus pratique pour scanner les cases mises en couleurs.

Étape 3 : poser les ombres

Rendons à César ce qui est à César : c’est une astuce relevée en visionnant une vidéo de l’auteur de bandes dessinées Philippe Jarbinet.

Avant de poser des couleurs, je commence par définir les ombres avec du bleu de cobalt. Pas de panique, il disparaîtra sous les autres couleurs appliquées ensuite.

C’est une technique qui facilite beaucoup le travail : on voit tout de suite ce qui marche ou pas, ensuite on peut poser les vraies couleurs sans (trop) se poser de questions sur l’éclairage de la scène.

Étape 4 : la mise en couleurs

Je préserve certaines zones que je veux protéger (blancs des yeux, bulle, « fumée » de trajectoire, …) avec du liquide de masquage et je peins dans les cases, à l’aquarelle et parfois un peu de gouache blanche…

Une fois la mise en couleurs effectuée, il ne me reste plus qu’à scanner les bandes pour les transférer sur informatique.

Je récupère des fichiers en RAW (brut), le traitement se fera en aval pour un meilleur contrôle.

Étape 5 : le montage

Dans le logiciel de montage photo, les fichiers sont convertis en CMJN car cette bande dessinée est destinée à l’impression papier.

Le calque d’encrage étant au-dessus des autres, je recale une à une les cases de colorisation pour que la superposition encrage / colorisation soit la meilleure possible ; l’outil de transformation est parfois nécessaire pour une plus grande précision, conjuguée au zoom.
Les niveaux sont ajustés pour chaque case afin de donner un peu de saturation et plus de contraste aux couleurs.

Pour finir, quelques retouches à la palette graphique ici et là pour des petits détails et nettoyer des éventuelles bavures, histoire que tout cela soit plus propre. Certains éléments sont à coloriser également, comme les onomatopées ou les flèches qui indiquent le sens de lecture de la planche.

Et voilà ! La page n°3 est terminée. Il ne restera plus qu’à placer les textes.
 
La bande dessinée MUTATIO peut être intégralement lue ici.

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